De Alicudi à Milazzo
Nous partons pour une grimpette par les escaliers de pierre, suivi ou devancé par les mulets, crées par l'homme pour la peine! Les vues plongeantes sont étourdissantes. Des villas pimpantes, puis des casa grises plus ou moins en ruine, dont la cave entière fait réservoir d'eau. Certaines sont louées à des jeunes vacanciers avertis. La veille nous avions cliché le Whisp vu d'en haut après un petit tour. Mais aujourd'hui nous ne le trouvons pas! Difficile de se bien repérer. Peut-être le verrons nous en surplomb après cette crête ? Le voilà… comme il paraît loin! Avons-nous mouillé autant au large ? Peut-être un effet d'optique ? Je ne veux pas imaginer autre chose, mais nous redescendons assez vite par une voie pavée bien raide. En bas, c'est l'évidence: le Whisper se barre et est déjà à 1 mille. J'embarque Alexis dans l'annexe et nous mettons les gaz. En passant près d'un 32 pieds, je donne l'alerte pour qu'ils nous gardent à vue. Heureusement les 3,5 CV du Tohatsu nous donnent une vitesse bien supérieure au voilier chassant par le cul avec ses 35m de chaîne pendantes dans le bec. Quelques minutes plus tard nous sommes grimpés à bord, moteur embrayé, mon équipier de choc moulinant à la main le guindeau.
Ouf! Le voyage continue sur l'eau. Chasser par F2 rafales à 3 alors qu'on tient depuis 24h avec 40m de mouillage sur 10m de hauteur d'eau reste un mystère Eolien qui occupera en interne mes neurones jusqu'à la mi-août… où je commanderai 50m de chaîne supplémentaires pour faire 100m.
Nous revenons à Salina mais changeons d'étape : Rinella, avec son cargo d'eau douce nous pompe un brin les oreilles, nous prenons un coffre… que le club nautique nous conseille d'abandonner le lendemain : F6 prévu avec rafales à 12 dans les orages !
Nous filons nous abriter à Lipari, où toutes les places de ponton sont déjà prises et celles d'ancrage aussi. Mais nous arrivons à nous faufiler. Au matin 7h le cargo de flotte, toujours le même, s'est placé à 30m devant nous. Nous cherchons plus tranquille à Marina Corte où je trouve pour mon ancre un axe libre qui passe un peu trop près de 2 autres voiliers. Un bain puis nous filons, voiles arisées de moitié sur Vulcano.
Nous avons réservé cette fois le ponton par tél. Ah qu'il est doux de se sentir attendu et logé avec sécurité… pour 50 euros pensons-nous, comme il y a dix jours avec Miles et Diane. Mais non, ce sera 90 euros, car nous sommes passés subrepticement au tarif août! Heureusement on partage le meilleur et le pire avec nos équipiers.
Cette fois nous profitons bien de Vulcano, et de son sommet embrassons toutes ces Eoliennes qui nous ont gâtés… et presque sinistrés.
Retour à Milazzo, dans la ville, à Marina di Nettuno où Axelle et Alexis débarquent dans leurs délais. Un chantier, repéré d'abord sur mer puis sur Google nous ouvre ses portes avec un devis raisonnable : 80 euros par mois + les extras (très nombreux et consistants à payer en sus) Mais il y a tant à entretenir, réparer et améliorer…
Encore une mise au sec avec frissons et secousses : Je dirige le Whisp le nez contre la plage où git semi immergé une sorte de luge, dans laquelle j'entre (le sondeur à 0) Un bulldozer des années 60 extirpe alors la luge et son chargement en creusant un profond sillon sur le gravier de la plage. Un dernier coup et nous voici à l'intérieur des grilles, vue sur le large.
C'est une entreprise familiale, le patron avait un an quand fut recruté le charpentier encore à l'œuvre. Une semaine de rangements et bricolages, puis c'est le retour dans le monde du froid, des richesses et des contradictions sociales!