Nouveau départ 2014
Comme chaque année, notre virée commence par une nuit d'hôtel, cette fois à 300 m du Cantiere navalo. Le lendemain nous filons au chantier, faire nos salutations, prendre les clefs, et reprendre en main le Whisper. Le bateau est caréné, la coque super propre. On nous installe une échelle bien assurée… et nous commençons notre vie à bord.
Au départ, c'est un peu comme un logement secondaire, placé dans une zone technique en bord de mer. On se ballade tout autour, j'adore ce genre de zone en voie de disparition : tout ici devra être remplacé par du toc chic et cher, après faillite des derniers besogneux du bois et de la ferraille. Mais nous sommes en Sicile, dans des conditions économiques merdique (les siciliens pensent qu' Angela les empêchent de se réaliser) et donc ce bout de littoral a la patience des vieilles barques qui dorent leurs planches trouées au soleil.
Le marché au poisson est toujours là, gigantesque abattoir de thon et d'espadon. La plage de gravier sur fond de sable gris nous accueille un jour nébuleux pour une pause fraicheur, après deux longueurs de piscine, car nous avons à 100 m un établissement de bain vieillot et propret à 6 euros l'entrée presque pour nous tous seuls.
La vue est jolie, depuis la hauteur du bateau. D'un côté les jetées de la raffinerie, ses cargos, ses lumières telluriques, de l'autre la presqu'île de Milazzo et derrière les demeures délabrées nous font rêver d'immenses atelier pour peintre célèbre.
Quand le WISP est fin prêt (nous sommes allés jusqu'à Messine chercher un joint de pompe à eau) les ouvriers du chantier poussent notre berceau à l'eau avec leur bulldozer Fiat modèle 1954, avec une grosse rallonge pour que nous trouvions assez d'eau pour quitter le berceau en marche arrière.
Nous allons directement à 1 mile de là chercher une crique pour la nuit et tester notre amélioration - ou complication - d'ancrage. Après avoir mouillé sur la principale (et donné un sérieux coup de moteur pour tester l'ancrage) nous mouillons à-pic le soir la 2ème ancre Kobra en laissant libre sur le pont la longueur de cordage + sangle qui devrait parer un éventuel dérapage. Car nous ne voulons plus voir le Whisper en perdition au large d'Alicudi comme l'année 2013 ...
Les jours suivants nous prenons ainsi trois mouillages dans de fort jolis coins, le dernier involontairement, face à St Agatha de Militello, car nous sommes restés tankés dans l'entrée du port gravement ensablé : nous nous en sommes dégagés de justesse, car la mer et le vent nous poussaient sur cette basse!
A bord, c'est cool pour communiquer, toujours grâce à la clef Vodafone (40 euros pour deux mois avec 14 gigas) La batterie du ThinkPad est courte, mais nous avons un onduleur pour faire du 220V avec du 12V (sous condition de ne pas en abuser!)
Après avoir été durement secoués par des rafales de vent saharien tombés comme une Bora à 35/40 nds des montagnes, nous apprécions le port de Céfalù où nous passerons au moins une 2ème nuit, dans le grincement des amarres - que j'ai doublées!
Céfalù, capitale normande, n'est plus à décrire: tout y est très beau et même le tourisme y est authentique. Nous saluons la mémoire des Rainulf Drengot, Guillaume Bras-de-Fer et autres Robert Guiscard qui ont tenus pour nous cette grande ïle autour des années… 1035.